Le dernier champ
David Harrower nous parle à l’intérieur, entre ciel et terre, il redéfinit pour nous ce lien étrange qui existe entre l’émotion et le mot ; nous assisterons à une naissance.
Une écriture âpre, obscure, sensible, taillée à même l’acteur.
L’auteur réclame l’effort ; ensemble faisons celui d’aller au théâtre.
Dans la campagne écossaise profonde, trois personnages incrustés dans leur terroir : un laboureur, la femme du laboureur, un meunier. David Harrower écrit dans une langue qui semble émaner de la terre même, à la fois fascinante et primitive. Les paroles jaillissent comme autant de tiges de blé à peine germées, chargées de sucs vitaux.
La femme du laboureur transporte le grain mûr de la ferme au moulin du village. elle circule, tel un esprit en mouvement, entre les deux hommes : l’un qui sème et récolte, l’autre qui transforme. elle porte de lourds sacs de grains, mais aussi sa soif immense de connaître, sa curiosité, sa féminité. Le meunier est seul à savoir lire et pouvoir mettre des mots sur du papier. Ces mots, ces simples lettres de l’abécédaire, ont pourtant la force d’un geyser. Un drame naît alors, un drame antique, magnifiquement amorcé par le désir de tenir la plume dans sa main. Comme pour nous rappeler qu’au début de tout bien et de tout mal, il y a la parole, le savoir, le désir de connaissance.